Conférences tout public

Dans le cadre de sa mission de responsabilité sociétale des universités, l’Université Paris Nanterre souhaite mettre en valeur la recherche universitaire dans une perspective d’ouverture à la communauté citoyenne. Bien souvent négligé, le partage des savoirs à un public non universitaire est en effet une mission essentielle de l’Université.
Dans ce but, les conférences sont ouvertes à toute personne intéressée, il n'est pas nécessaire de s'inscrire à l’Université de la Culture Permanente pour y assister. L'accès est libre et gratuit.
Elles ont lieu le jeudi de 14 à 16 heures, en amphi A2, Bâtiment Rémond.

Cliquez sur l'image pour accéder au programme 2025-26 des conférences tout public

 
4 décembre - La fondation de la troisième république

Par Gautier Mellot

L'historiographie consacrée à la Troisième République identifie parfois deux paradoxes liés à la fondation de ce régime. Premièrement, alors que les constituants n'avaient arrêté qu'un "compromis dilatoire" conçu comme devant très vite céder la place à une nouvelle restauration (monarchiste ou plus franchement républicaine), les institutions façonnées en 1875 deviendront les plus pérennes de l'histoire constitutionnelle française (du moins jusqu'à 2023). Deuxièmement, c'est une assemblée composée majoritairement de monarchistes qui consacrera ces mêmes institutions républicaines. L'étude de la fondation de la Troisième République doit donc permettre d'élucider ces paradoxes, ou à tout le moins éclairer les décisions de l'Assemblée nationale entre sa convocation en 1871 et sa séparation fin 1875.

Gautier Mellot est doctorant à l'Université Paris Nanterre, au sein de laquelle il a réalisé l'ensemble de ses études. Sa thèse, rédigée sous la direction de A. Le Pillouer (CTAD) et S. Boussard (CRDP), porte sur l'expédition des affaires courantes dans l'histoire constitutionnelle française. Il a notamment publié un article sur le processus constituant de 1875 (« Le contexte institutionnel de la rédaction des lois constitutionnelles de 1875 », RevDH, 2025).

11 décembre - L’œuvre de Goya

Par Maud Le Guellec

À quelle œuvre pensez-vous spontanément lorsque vous entendez le nom de Goya ? Songez- vous aux portraits de Carlos IV et de la famille royale ? Aux événements historiques du Dos de mayo et du Tres de mayo ? À une scène pittoresque, de fête populaire, de guitariste et de torero ? Ou bien peut-être au Saturno dévorant son enfant ? Selon si l’un ou l’autre de ces tableaux surgit dans notre esprit, on se retrouve transporté dans des univers diamétralement opposés.
Artiste de la lumière ou des ténèbres ? Peintre courtisan ou artiste révolté ? Cette conférence se propose d’interroger l’œuvre de Francisco de Goya dans ses multiples facettes et ses contradictions. Sa soif de reconnaissance qui tarde à être assouvie, ses liens avec les élites du pouvoir dans l’Espagne des Lumières, son expérience de la maladie et de la guerre, sa prise de distance avec un nouveau monarque réactionnaire, son exil en France fourniront autant d’éléments pour mieux comprendre le parcours d’un artiste aux différents visages et ses tableaux, gravures et dessins, qui ont marqué l’histoire de l’art.

Maud Le Guellec, Maîtresse de Conférences à l’Université Paris Nanterre, est spécialiste de l’Espagne des XVIII e et XIX e siècles. Après avoir soutenu une thèse sur la presse des Lumières, elle a mené différents travaux de recherche dans le domaine de l’histoire culturelle et artistique. En ce qui concerne l’œuvre de Goya, elle a co-édité Goya ou l’anticonformisme. Sur les traces du “monstrueux vraisemblable” en 2017, publié plusieurs articles (dont le plus récent « Du blanc au gris, du gris au noir. Les métamorphoses de Goya ») et assuré différentes conférences et interventions (Palais des Beaux-Arts de Lille, Ecole d’Estienne de Paris, « L’anachronique culturelle » de France Culture…)..

18 décembre - L’image de l’islam dans l’Occident médiéval

Par Franck Collard

La conférence sur l'image de l'islam dans l'Occident médiéval visera à exposer la chronologie, les motivations et les modalités de la construction d'un imaginaire du Musulman tout au long de l'époque médiévale en cherchant d'éventuelles racines de l'islamophobie actuelle dans le substrat culturel de la chrétienté. Agrémenté d'illustrations et de textes d'époque traduits en français, le propos s'efforcera de faire comprendre les ressorts de représentations de l'altérité et d'en mesurer la réelle portée aux époques considérées. Une attention particulière sera accordée au personnage du Prophète vu par les penseurs chrétiens, entre fantasme et dépréciation, sans négliger toutefois les quelques éléments positifs de la construction imaginaire.

Franck Collard : professeur d'histoire du Moyen Âge à l'UPN depuis la rentrée 2006, j'ai orienté mes recherches vers l'histoire des savoirs et des pouvoirs dans l'Occident médiéval. Savoirs historiques, à travers des enquêtes sur les productions de récits à la fin du Moyen Âge, savoirs scientifiques à travers les traités des poisons composés dans l'Occident médiéval, savoirs médicaux en liaison avec une histoire des malades en cours de rédaction. Les pouvoirs et la culture politique retiennent aussi mon attention, notamment le traitement du crime de poison par les justices médiévales et une biographie de Charles VII sur le point d'être achevée. L'histoire des idées et des représentations politiques, des perceptions croisées et de l'imaginaire de l'autre complètent ces champs d'étude.

8 janvier - « Traduire les tensions tragiques : Tennessee williams à l’écran »

Par Anne-Marie Paquet-Deyris

Cinq films centraux ont marqué l’histoire chaotique et riche de l’adaptation des pièces de Tennessee Williams : les deux films de Elia Kazan, Un Tramway nommé Désir en 1951 et Baby Doll en 1956, La Chatte sur un toit brûlant de Richard Brooks en 1958, Soudain, l’été dernier de Joseph Mankiewicz en 1960 et enfin, La Nuit de l’iguane de John Huston en 1964. Chaque réalisateur traduit de façon plus ou moins iconoclaste un moment de crise dans la vie d’Américains types aux failles trop profondément humaines pour devenir des stéréotypes. Le cinéma donne aux arènes étouffantes et expressionnistes de Williams un espace de représentation reformaté selon les codes hollywoodiens mais aussi selon les conventions représentatives autres du cinéma indépendant. La résistance à la pression du Code de Production s’inscrit à l’écran dans la texture et la composition de l’image. Les drames de Williams aux accents de tragédie s’y rejouent sur un mode moins feutré où l’unité de lieu si chère au dramaturge se déploie différemment...

Anne-Marie Paquet-Deyris est professeur d'Etudes Filmiques et Sérielles Anglophones et de Littérature Américaine à l'Université Paris Nanterre et a enseigné dans ces domaines à l’University du Texas à Austin en 2024. Ses ouvrages et articles explorent principalement le cinéma et les séries télévisées anglo- américaines contemporaines. Divers ouvrages sont parus récemment, dont deux codirigés avec Gilles Menegaldo et Mélanie Boissonneau, Dark Recesses in the House of Hammer chez Peter Lang, New York, 2022 (Prix Ray Browne du Meilleur Ouvrage Collectif de la Popular Culture Association américaine en 2023), et Le Studio Hammer. Laboratoire de l’horreur moderne? aux éditions le Visage Vert, Cadillon 2023. Ses articles « La nouvelle conversation sur la race aux Etats-Unis : Show Me A Hero (David Simon, 2015) et The Good Fight (Robert et Michelle King, 2017-22) » dans Décoloniser les mémoires de l'esclavage, coordonné par (Benaouda Lebdai & Myriam Moïse, Paris : L'Harmattan Guinée, 2024), « Le Jeu de la dame dans Captive de Mary Harron », Christine Evain, Dir., aux Cahier de l’Herne Margaret Atwood, Paris : Editions de l’Herne, 2025), et la maternité à l’écran dans une série récente (« Diary of a Chambermaid. Molly Smith Metzler’s Raw Chronicle of Mother-Daughter Relationships in Maid (2021) », The Routledge Handbook of Motherhood on Screen, Susan Liddy & Deirdre Flynn, Eds. London & New York, Routledge, 2025) viennent de paraître. Elle prépare un ouvrage sur la représentation de la conquête de l’Ouest dans l’imaginaire américain et le western.

22 janvier - Le populisme de Trump à l’épreuve du pouvoir

Par Elisa Chelle

Donald Trump est le 47e président du peuple américain. Sa nette réélection a surpris nombre d’observateurs qui s’attendaient à un scrutin des plus serrés. Sa victoire est celle du populisme, mot souvent employé mais rarement défini. Le populisme a une longue histoire aux États-Unis, depuis les mouvements agraires face à l’industrialisation au XIXe siècle aux diatribes de Ronald Reagan contre « l’élite de Washington ».

Ce que recouvre le terme de « populisme » varie dans le temps, mais aussi dans l’espace. Dénonciation de l’establishment, idéalisation de la volonté populaire ou leadership charismatique : autant d’ingrédients qui gagnent la vie politique en Europe, dans les Amériques et en Asie depuis les années 1990.

L’élection de Donald Trump marque l’installation durable d’un populisme vindicatif dans la démocratie la plus puissante du monde. Le fonctionnement de cette démocratie est propice à ces revendications. Tout d’abord, les groupes de la société civile sont plus légitimes à influencer les règles de la vie en commun. Ce n’est pas un État centralisé qui définit l’intérêt général, mais le peuple mobilisé qui défend ses intérêts. La liberté d’expression, protégée par la Constitution, les rend particulièrement audibles. Les intérêts de la société civile forment ainsi l’intérêt général, à rebours de la vision française qui les dénonce comme « intérêts particuliers ».

Le populisme de Trump s’inscrit dans une mutation profonde de la représentation démocratique. Il est un art oratoire d’imitation du style populaire avec ses incohérences et ses contradictions. Cette politique de la présence sinon de l’incarnation fait écho aux réalités déformées ou extravagantes propagées via les réseaux sociaux. En politique, la vérité c’est ce qui plaît. Trump, comme d’autres leaders charismatiques dans le monde, avec son style paranoïaque mais compréhensible du plus grand
nombre, avec son chauvinisme de la prospérité, avec sa rhétorique d’une politique qui prime le droit, a infléchi les cadres traditionnels de la délégation électorale. C’est ce style qui a su capter l’attention d’un électorat se sentant déclassé par la globalisation ou marginalisé par l’immigration. À l’heure où la France se prépare à l’après Macron, cette conférence reviendra sur les ressorts d’une conflictualité sociale exacerbée dans un contexte de déséquilibre démocratique. De quoi cette défiance peut-elle accoucher lorsqu’un tribun populiste accède au pouvoir ? Les contre-pouvoirs, même fragilisés, ont-ils joué leur rôle ? Comment les institutions, usées par la contestation, peuvent-elles intégrer un programme d’action se targuant d’être en rupture avec tout ce qui s’est fait depuis leur naissance ?

Elisa Chelle est professeure agrégée de science politique à l’Université Paris Nanterre depuis 2019. Elle est également rattachée à Sciences Po, où elle mène plusieurs projets de recherche. Elle est rédactrice-en-chef de la revue Politique américaine depuis 2020. Elle est membre junior de l’Institut universitaire de France, un programme d’excellence du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche.

Depuis l’automne 2022, elle est intervenue plus d’une centaine de fois dans les médias pour commenter les élections américaines (matinales de France Inter, RTL, TF1 ou France Info TV, Affaires étrangères sur France Culture, 28 minutes sur Arte, C dans l’air sur France 5, Calvi 3D sur BFMTV…). Son dernier ouvrage, publié chez Odile Jacob, est intitulé La démocratie à l’épreuve du populisme : les leçons du trumpisme (2025). Outre ses fonctions au Conseil national des universités, à l’Institut de
recherche stratégique de l’École militaire, à l’Institut des Amériques, à l’Association française de science politique, à l’Association internationale de science politique, à l’Association américaine de science politique, elle a été récemment invitée dans les universités de Columbia, Georgetown et Cornell.

Mis à jour le 03 décembre 2025